Portugal - France (détail)
La France avec trois médians récupérateurs?
Quand Roger Lemerre noie le poisson...
BRUXELLES "Je ne peux pas être ennuyé à partir du moment où je dispose de plus de solutions que je ne suis confronté à des problèmes" Si le Petit Poucet semait des cailloux pour retrouver son chemin au retour d'une balade en forêt, Roger Lemerre prend soin de baliser ses conférences de presse de lieux communs pour éviter qu'on ne l'entraîne sur des chemins de traverse où, privé de ses repères, il pourrait être tenté de propager un embryon d'information. Quand, à la veille de l'ultime entraînement formel avant la demi-finale, il eut confirmé qu'il disposait de la totalité de son effectif, il s'égara avec volupté dans un océan de banalités qu'on ne pouvait même pas assimiler à de prudents non-dits. Victime d'une contracture du vaste interne du genou droit qui l'avait empêché de disputer le quart de finale contre l'Espagne, Emmanuel Petit est physiquement et mentalement apte à retrouver sa place dans l'équipe qui abordera la demi-finale. Le retour de Petit n'impliquerait sûrement ni la sortie de Deschamps ni, sans doute, le retour sur le banc d'un Vieira de plus en plus impressionnant d'aisance et d'autorité au fil des rencontres.
La France alignerait alors trois médians récupérateurs. Cette option tactique contraindrait le coach à se priver, au coup d'envoi, de Dugarry qu'une fracture du nez n'empêcherait pas de s'aligner, et même sans masque ou de Djorkaeff.
"Contrairement à ce que d'aucuns répercutent volontiers, nous n'avons pas le sentiment que l'équipe du Portugal travaille beaucoup dans les couloirs", a observé Roger Lemerre. Peut-on déduire de cet aveu une ébauche de composition d'équipe? Non, sans doute. Plusieurs certitudes toutefois: la défense sera reconduite dans son intégralité. Henry demeurera l'unique flèche devant. Et Zidane, attaquant de rupture, refusera, au nom du collectif, de livrer à Figo, élément offensif plus perforant, un duel pour le sacre de meilleur joueur de l'Euro. "De ces deux grands joueurs, émergera celui qui parviendra à se débarrasser du collectif pour étaler tout son sens créatif", assura encore Roger Lemerre, qui se qualifie lui-même de "très rustique ". Il clôtura son point presse sur une salve d'honneur: "La clé du match ? Les nonante minutes !"
Programmé après celui des Portugais, accessible à qui le souhaitait, l'entraînement des Français n'allait rien révéler des intentions du coach. Et pour cause: il s'est déroulé à huis clos...
Michel Dubois