France - Italie (détail)
Quand on prend du plaisir, on ne peut qu'être heureux
Zinedine Zidane a encore grandi: il a réussi son Euro 2000
`Zizou? Il est délicieux! Il écoute, il regarde, il enregistre, il assimile, il reproduit. Je suis très exigeant avec lui mais je me satisfais de tout ce qu’il m’apporte. Il est tellement fascinant quand il est en possession du ballon! Il l’est un peu moins quand il le reçoit. Le jeu, il doit toujours l’inspirer, le susciter, le ciseler. Quand il est tributaire des autres, il est moins bon. J’aimerais pouvoir instiller dans d’autres joueurs des fragments de sa lumineuse technique individuelle. Parfois, il en fait trop. Mais, souvent, c’est parce qu’il ne peut pas faire autrement.´
Roger Lemerre évoque son artiste avec, dans la voix, des inflexions de tendresse paternelle. Il ne le couve pas, ne l’enferme pas sous globe dans les intervalles entre les matches. Il pourrait le tancer même parfois si Zidane, s’oubliant, commettait une incartade. `Sa maîtrise technique s’affirme de plus en plus. Mais quand on recèle sa dimension athlétique, on doit pouvoir l’exprimer davantage encore. Zinedine s’y emploie. Il a acquis de la constance. Il arrive à maturité. Il émarge à cette génération intermédiaire qui doit transmettre le flambeau de Blanc et de Deschamps à Henry et à Anelka sans que la transition fasse régresser le groupe.´
Zinedine Zidane n’est pas qu’un simple archer qui, face au but adverse, décoche à profusion ses deux Flèches préférées, Henry et Anelka. Zidane est un de ces orfèvres qui font chanter le ballon, un créateur. Son emprise sur le jeu est totale et, souvent, sublime. Sa couverture de balle est un modèle du genre. Il ne dédaigne pas aller provoquerses adversaires quand il conduit le ballon, près d’une ligne de touche, par exemple. Il le protège alors avec une telle maîtrise que même en s’y attelant à trois ses adversaires ne parviennent pas à l’en déposséder. `J’ai abordé cet Euro 2000 sans autre état d’âme qu’une envie folle de me faire plaisir et de faire plaisir au public. Je pense avoir répondu à ma double attente. Je me suis éclaté à chaque match. J’ai eu la chance d’inscrire un magnifique coup franc, important, contre l’Espagne, puis de transformer un coup de réparation décisif contre le Portugal. Mais, surtout, j’ai ressenti de la joie sur le terrain et j’ai perçu que mon plaisir était partagé par mes équipiers. C’était l’indice que l’ambiance, au sein du groupe, était formidable et que l’état d’esprit qui habitait chacun était sain. Tout autant que notre volonté farouche d’aller au bout, ce qui nous a transcendés c’est la splendide communion qui nous a soudés d’un bout à l’autre du tournoi. Personnellement, sur le plan physique, je me suis senti très, très bien.´
Zinedine Zidane a, aussi, répondu à l’attente de ses partisans les plus impitoyables: en enchaînant les prestations superbes et denses, il a réussi son Euro sur le plan individuel: `Je n’avais pas de revanche à prendre sur le tournoi de 1996, que j’ai mal vécu en raison d’une blessure. J’en ai simplement tiré les enseignements. Ces dernières années, j’ai appris à préserver ma fraîcheur. Auparavant, j’en faisais trop. J’avais tendance à me disperser.´
Zinedine Zidane n’a abordé cet Euro 2000qu’avec la conviction farouche qu’il en sortirait… lauréat. `Il ne reste qu’un match, une finale. On ne peut plus échouer.´
Michel Dubois